L’Alphabet arménien : Une vision divine.

Monument de l’alphabet arménien. Source : Rita Willaert / CC BY 2.0

L’alphabet arménien est l’écriture développée pour l’écriture de la langue arménienne. Ce système d’écriture alphabétique a été développé au cours du 5ème siècle après JC et est toujours utilisé aujourd’hui.

L’alphabet arménien a non seulement permis l’écriture de la langue arménienne, mais a également joué un rôle crucial dans la préservation de l’identité nationale du peuple arménien. Les Arméniens continuent d’accorder une grande importance à leur alphabet, comme en témoigne le monument de l’alphabet arménien, érigé à Byurakan en 2005.

Contrairement à l’alphabet latin, que la plupart des gens connaissent, l’alphabet arménien contient 39 lettres. Lorsque l’alphabet a été créé, il contenait 36 lettres, dont 7 voyelles et les 29 autres consonnes.

Trois autres lettres ont été ajoutées plus tard, ce qui donne à l’alphabet arménien 39 lettres. Ces trois lettres ont été ajoutées afin de faciliter la rédaction des traductions. On peut ajouter que chacune des lettres d’origine a une valeur numérique, ce qui signifie que l’alphabet peut être utilisé pour les calculs mathématiques et pour l’enregistrement des dates du calendrier.

Alors que l’arménien écrit est resté plus ou moins inchangé depuis la création de son alphabet, l’arménien parlé s’est divisé en deux dialectes distincts au XIXe siècle, c’est-à-dire l’arménien oriental et l’arménien occidental.

Le premier était également connu sous le nom d’« Arménien de Russie » et est basé sur les dialectes d’Erevan et de Tbilissi, les capitales de l’Arménie et de la Géorgie respectivement, tandis que le second était également connu sous le nom d’« arménien de Turquie » et est basé sur le dialecte de la communauté arménienne d’Istanbul.

La langue arménienne elle-même est antérieure à son alphabet. L’arménien est une langue indo-européenne, une famille de langues qui comprend la plupart des langues d’Europe, du plateau iranien et du nord de l’Inde. Il a été spéculé que les Arméniens pourraient être arrivés dans les régions entourant le lac de Van, Sevan et Ourmia dès la seconde moitié du 2e millénaire avant JC. Au milieu du millénaire suivant, les Arméniens avaient remplacé les Urartéens locaux.

La preuve en est l’inscription de Behistun, qui a été commandée par le souverain achéménide Darius Ier, connu également sous le nom de Darius le Grand. Sur l’inscription se trouvent les noms « Armina » et « Armaniya », la plus ancienne référence connue à l’Arménie.

L’Arménie est mentionnée sur l’inscription de Behistun. ( पाटलिपुत्र / Domaine public)

La création de l’alphabet arménien

Au cours des siècles suivants, l’Arménie a été mentionnée par divers auteurs anciens. Il semble, cependant, que les Arméniens n’aient pas créé leurs propres archives. Jusqu’à ce jour, aucun document (qu’il s’agisse d’inscriptions sur pierre, de manuscrits ou de légendes sur des pièces de monnaie) avec des lettres arméniennes datant d’avant le 5ème siècle après JC n’a été découvert. D’autre part, l’existence d’une écriture arménienne antérieure au Ve siècle après JC est attestée dans les œuvres de certains auteurs anciens.

À titre d’exemple, Philon d’Alexandrie, un philosophe juif hellénistique qui a vécu entre le 1er siècle avant JC et le 1er siècle après JC, a écrit que Sur les animaux a été traduit en arménien. Sur les animaux est une œuvre de Métrodore de Scepsis, un philosophe et historien grec qui a vécu entre le IIe et le Ier siècle av. J.-C.

Un ami proche et un historien de la cour du roi arménien, Tigrane le Grand, il aurait donc été familier avec l’alphabet arménien. Autre exemple, Hippolyte de Rome, un théologien du IIIe siècle après J.-C., a écrit que les Arméniens étaient l’une des nations qui avaient leur propre alphabet distinct.

Quoi qu’il en soit, on pense généralement que l’alphabet arménien n’a été inventé qu’au cours du 5ème siècle après JC. Selon la tradition, l’alphabet a été créé en 405 après JC par Saint Mesrop Machtots, un moine, théologien et linguiste arménien. Mesrop est né vers 360 après JC dans une famille noble.

Saint Mesrop Machtots a créé l’alphabet arménien. (Taron Saharyan~commonswiki / Domaine public)

Selon Koryun, l’un des élèves et biographe de Mesrop, le saint était polyglotte, parlant couramment un certain nombre de langues, dont le grec, le persan et le géorgien. Il est connu pour avoir étudié les langues classiques sous saint Nersès Ier, un patriarche arménien. Après ses études, Mesrop est devenu moine, vers 395 après JC, et a ensuite été ordonné prêtre.

Mesrop fonda plusieurs monastères et répandit le christianisme dans les régions reculées du pays, où les gens pratiquaient encore le mazdéisme, la religion qui dominait l’Arménie avant l’arrivée du christianisme. Incidemment, l’Arménie est considérée comme le premier pays à avoir adopté le christianisme comme religion d’État, c’est-à-dire en 301 après JC, sous le règne de Tiridate III.

Bien que l’Arménie fût déjà un État chrétien au moment de la naissance de Mesrop, il est probable que la majorité de la population n’était que nominalement chrétienne. Comme ils ne savaient pas lire la Bible, beaucoup d’Arméniens avaient une compréhension limitée de leur religion. De plus, il n’y avait pas de Bibles écrites en arménien, car il n’y avait pas de système d’écriture pour la langue.

Pourtant, la connaissance du christianisme pouvait être transmise oralement à la population générale par des hommes comme Mesrop, de sorte que le problème n’était pas sans solution. En 387 après J.-C., cependant, l’Arménie a perdu son indépendance et a été divisée entre les empires byzantin et sassanide, les deux superpuissances de la région à cette époque.

Manuscrit arménien, 5e – 6e siècle. L’alphabet arménien a été créé pour préserver la culture arménienne. (Bogomolov.PL / Domaine public)

On craignait que les Arméniens ne perdent leur identité nationale, à la suite de l’assimilation dans la société byzantine ou sassanide. Par conséquent, il fallait faire quelque chose pour préserver l’identité nationale des Arméniens.

C’est Mesrop qui a trouvé une solution, c’est-à-dire l’invention de l’alphabet arménien. Le saint fut soutenu dans cette entreprise par Vramshapuh, qui nomma Mesrop comme son chancelier.

Vramshapuh a régné sur l’Arménie de 389 à 414 après JC en tant que roi client sassanide. Bien que Mesrop soit traditionnellement crédité de « l’invention » de l’alphabet arménien, il est peut-être plus approprié de dire qu’il l’a « réinventé », puisque, selon les sources anciennes, Mesrop a modifié une écriture arménienne beaucoup plus ancienne qui avait été perdue, plutôt que de créer un ensemble de lettres complètement nouveau.

L’alphabet arménien a-t-il été recréé à partir d’une écriture perdue ?

Une version de l’histoire est fournie par Koryun. L’histoire commence lorsque Vramshapuh apprend qu’un évêque syrien du nom de Daniel a fait une découverte inattendue d’une écriture arménienne oubliée. Le roi raconta l’histoire à son chancelier, Mesrop, et à Sahak Partev (connu aussi sous le nom d’Isaac d’Arménie), le patriarche arménien de l’époque.

Statue de Vramshapuh et Mesrop Machtots près du monument de l’alphabet arménien. (Yerevantsi / CC BY-SA 4.0

Les deux hommes se rendirent compte de l’importance de la découverte et pressèrent le roi de ramener l’écriture en Arménie. Vramshapuh envoya un homme appelé Vahrij avec un message à Habel, un prêtre et ami proche de Daniel. Quand Habel reçut le message du roi, il alla immédiatement voir Daniel, obtint le script de son ami et l’envoya au roi.

Koryun affirme que le script est parvenu à Vramshapuh dans la cinquième année de son règne. Après avoir vu le scénario, Mesrop et Sahak demandèrent au roi de jeunes enfants avec lesquels ils pourraient expérimenter l’alphabet. Voyant que les expériences des deux hommes étaient un succès, le roi ordonna que l’alphabet soit enseigné dans tout le royaume.

Après deux ans d’utilisation de l’alphabet, Mesrop et Sahak se rendent compte que les lettres étaient insuffisantes pour l’écriture de la langue arménienne. Les deux hommes décident que les lettres doivent être mises à jour et modifiées.

Cependant, malgré tous leurs efforts, Mesrop et Sahak n’ont pas été en mesure d’accomplir cette tâche. La légende prétend que c’est par l’intervention divine qu’une solution a été trouvée. Selon Koryun, un jour, Mesrop aurait reçu une vision de Dieu, qui instruisit et aida le saint à modifier les lettres anciennes, créant ainsi les 36 lettres de l’alphabet arménien.

Influences sur l’alphabet arménien

Dans le conte de Koryun, l’alphabet arménien a été réinventé à partir d’une écriture plus ancienne, ce qui indique que Mesrop n’a pas arraché les lettres de nulle part. Les érudits ont spéculé sur ce que cette ancienne écriture aurait pu être. Une suggestion est que l’alphabet arménien était basé sur l’écriture Pahlavi, qui était utilisée pour l’écriture des langues moyen-persanes.

L’écriture Pahlavi, aurait inspiré l’alphabet arménien. (PawełMM / Domaine public)

Cette écriture, dérivée de l’araméen et a été utilisée pour écrire de nouveaux textes religieux zoroastriens, ainsi que pour traduire les écritures avestiques existantes.

Par conséquent, cette écriture aurait été utilisée en Arménie dans un contexte religieux avant l’arrivée du christianisme. L’alphabet arménien montre également l’influence du grec, ce qui n’est pas tout à fait surprenant étant donné qu’il s’agissait de l’un des alphabets utilisés pour écrire les écritures chrétiennes.

L’influence du grec est également visible dans la ressemblance de certaines lettres arméniennes avec les lettres grecques (non seulement visuellement, mais aussi dans l’ordre des lettres et des sons), la présence de lettres pour les voyelles et le sens de l’écriture, c’est-à-dire de gauche à droite. De plus, un Grec du nom de Rufanos aurait aidé Mesrop et Sahak lorsqu’ils ont créé l’alphabet arménien.

Selon la tradition, la première phrase écrite par Mesrop après l’invention de l’alphabet arménien était : « Connaître la sagesse et l’instruction ; pour percevoir les paroles de la compréhension », mots tirés de l’Ancien Testament. En effet, la première chose que Mesrop a faite a été de traduire la Bible en arménien.

Ainsi, la première Bible arménienne populaire, dite « Bible Mesrop », a été produite en 410 après JC. L’exemplaire original de la Bible traduite de Mesrop ne semble pas avoir survécu. Le « plus ancien exemple survivant de l’alphabet arménien » fait l’objet d’un débat, bien qu’il y ait plusieurs prétendants à ce titre.

L’une d’entre elles, par exemple, est l’inscription arménienne sur la « mosaïque d’oiseaux arméniens ».  

Cette mosaïque a été découverte en 1894 près de la porte de Damas et du quartier de Musrara, à Jérusalem. Par son style et son iconographie, la mosaïque a été datée du 5ème / 6ème siècle après JC. L’inscription arménienne sur la mosaïque se lit comme suit :

« À la mémoire et à la rédemption de tous les Arméniens, dont les noms ne sont connus que de Dieu ».

D’autres mosaïques avec des inscriptions arméniennes datant de la même période ont également été trouvées à Jérusalem. Un autre prétendant est la soi-disant « croix de Narsès », une croix en argent avec un seul grenat rouge serti dans un filigrane d’or au centre.

Comme la « mosaïque d’oiseaux arméniens », la « croix de Nersès » a été datée du 5ème / 6ème siècle après JC. L’inscription arménienne, qui se trouve le long du périmètre de la croix, se traduit comme suit :

« Moi, Nerses Koms p’ar ̇ pécheur et indigne, j’ai fait cette sainte croix rédemptrice pour [l’église de] Saint Stepanos dans le village de P’ar ̇akert pour la rémission de mes péchés et pour le repos + des âmes de nos pères et ancêtres et pour la prospérité et la paix des maisons arméniennes et de nos villages et de la famille de Xorxor ̇unik’. »

Pour en revenir à l’histoire de Mesrop, le saint ne s’est pas arrêté à la traduction de la Bible. La prochaine chose qu’il fit fut d’envoyer des érudits à Constantinople, Alexandrie et Rome à la recherche de manuscrits bibliques et littéraires. Comme on pouvait s’y attendre, ceux-ci ont été traduits en arménien.

On attribue à Mesrop l’écriture d’un recueil de commentaires bibliques, la traduction d’œuvres patristiques et la construction de prières liturgiques et d’hymnes sur une échelle de huit tons. En d’autres termes, c’est Mesrop qui a jeté les bases d’une liturgie nationale arménienne, qui à son tour a servi à préserver l’identité nationale des Arméniens.

Mesrop a traduit les œuvres bibliques en arménien en utilisant l’alphabet arménien nouvellement créé. (Fæ / CC BY-SA 4.0)

Inutile de dire que Mesrop est une figure très vénérée en Arménie. Il mourut en 440 et son corps fut transporté dans le village d’Oshakan, dans la province d’Aragatsotn, non loin de la ville d’Ashtarak. Trois ans après l’enterrement de Mesrop à Oshakan, une église a été construite sur la tombe du saint. À juste titre, elle a été nommée église Saint Mesrop Mashtots.

L’église a été endommagée et rénovée à plusieurs reprises au cours de son histoire, et la structure actuelle date des années 1870. L’église est un lieu de pèlerinage bien connu, grâce à la réputation du saint.

L’invention de l’alphabet arménien par Mesrop est encore aujourd’hui une source de grande fierté pour les Arméniens. C’est ce que l’on voit clairement dans la création du monument de l’alphabet arménien. Le monument est essentiellement un groupe de 39 sculptures géantes en pierre, une pour chacune des 39 lettres de l’alphabet arménien.

Le monument a été créé par l’architecte J. Torosyan en 2005, à l’occasion du 1600e anniversaire de l’alphabet arménien. Le monument est situé à Byurakan, un village sur les pentes du mont Aragats. Comme il est situé non loin d’Oshakan, c’est un hommage non seulement à l’alphabet arménien, mais aussi à Mesrop Machtots, l’homme qui l’a créé.

Source : Cryptolozi.com

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Les Arméniens ont-ils perdu toute raison de vivre ?

La capitulation en 24 heures des autorités d’Artsakh a sidéré les Arméniens.

Certes ces dernières avaient subi un sévère revers dans la guerre de 2020 mais elles avaient face à elles une puissante coalition de la Turquie, la Géorgie, Israël, des Djihadistes radicalisés du Nord Syrien et l’Azerbaïdjan. Malgré la supériorité numérique et technologique de l’ennemi, les combattants de l’Artsakh avaient infligé de sévères dommages au camp azéri et avaient tué plus de 3000 soldats.

Au lieu de célébrer la résistance et les héros tombés, les Arméniens, avec à leur tête leur Premier Ministre Pashinyan, ont passé trois ans à se lamenter et pleurer leurs morts. Au lieu de renforcer la seule alliance possible avec la Russie, ils ont laissé Pashinyan la fragiliser et isoler l’Arménie. Au lieu de s’armer mentalement, moralement et militairement, ils se sont contentés de supplications aux « instances internationales » et laissé s’installer une mentalité de perdant.

Pourquoi un tel changement pour ces montagnards attachés à leurs terres millénaires présentés comme de redoutables guerriers qui avaient gagné la guerre de 1994 ? Cette question se pose d’autant plus quand on apprend que durant cette guerre de 24 heures déclenchée le 19 septembre par le dictateur Aliev, les Artsakhiotes ont tué plus de 200 soldats azéris supérieurement équipés. Les Azéris n’auraient pas supporté une guerre de leur despote au prix de 200 morts par jour. Mais au lieu de poursuivre le combat, L’Artsakh a capitulé et par décret du Président de la République d’Artsakh, tous les départements de l’État seront dissous et la République cessera d’exister le 1er janvier 2024.

Où est donc passé l’état d’esprit de combativité qui avait galvanisé ces combattants en 1991 lors de la première guerre au moment de l’effondrement de l’union soviétique ?

La Diaspora magique

Les rescapés du génocide de 1915 qui avaient été exilés sur tous les continents se sont intégrés et ont prospéré. Ceux rassemblés au sein de l’Arménie soviétique ont connu un développement plus contrasté. Les Arméniens soviétiques ont toujours été envieux des diasporiques qu’ils voyaient arriver en touristes avec leurs valises remplies de biens de consommation qui leur faisaient défaut. Ils ont été témoin de la puissante mobilisation de la diaspora suite au séisme de 1988 voyant arriver du monde entier des milliers d’avions d’aide humanitaire. Enfin durant 30 ans, le Fonds Arménien a aidé au développement de l’Arménie et de l’Artsakh. L’Artsakh a perçu plus d’un demi-milliard d’euros d’investissements du Fonds Arménien.

Il faut aussi prendre en considération, suite à l’Indépendance, l’absence en Diaspora d’un mouvement tangible de Nerkakht, de retour en Arménie, malgré la forte influence du parti nationaliste radical de la FRA Tachnagtsoutioun. Enfin, il faut souligner que les échanges Arménie-Diaspora ont permis la pénétration des mœurs et pratiques occidentales dans une Arménie aux traditions plutôt conservatrices.

Les citoyens d’Arménie se sont-ils persuadés que les Diasporiques avaient bien de la chance de pouvoir vivre une forme d’arménité hors de la Mère Patrie, tout en échappant aux contraintes de l’empire soviétique ou de l’Arménie indépendante ? L’herbe est toujours plus verte ailleurs…

Mortelle indépendance ?

Il n’en reste pas moins que l’Arménie soviétique de 1920 tant décriée a vu sa population multipliée presque par cinq (malgré la saignée de la seconde guerre mondiale) alors que la République d’Arménie indépendante de 1991 tellement espéré a vu la moitié de sa population fuir et abandonner le pays (malgré l’arrivée de 500000 réfugiés d’Azerbaïdjan).

L’indépendance a aussi été pervertie avec la généralisation de la corruption qui a bridé l’essor de l’économie arménienne et le jeu démocratique. Le mécontentement a conduit à la révolution de velours et la prise de pouvoir du journaliste Nikol Pashinyan dont la politique de rapprochement avec l’Occident a fâché une Russie qui se considère comme l’alliée et la protectrice de l’Arménie.

En résumé, nous avons une Diaspora embourgeoisée qui ne revient pas au pays, des citoyens de la République d’Arménie qui quittent en masse le pays avec comme priorité trouver une vie meilleure ailleurs, des populations traumatisées que le Gouvernement Pashinyan avec son discours progressiste a conditionné à accuser et haïr la Russie… Cela a produit un peuple qui s’imagine isolé et qui impressionné par la propagande ennemie, ne veut plus se battre pour ses terres ancestrales et sa survie.

C’en est à se demander si les Arméniens n’ont pas perdu toute raison de vivre ?

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Occident-Brics : un monde s’éteint, un autre s’éveille…

Les Etats-Unis d’Amérique se sont construits sur l’extermination de la nation indienne. Des millions de colons européens (parfois des prisonniers et prostituées) ont déferlé sur le Nouveau monde et constitué la base de la nation américaine, expliquant peut-être la violence inhérente à ce peuple. Après le vol des terres et richesses des indiens, c’est par l’exploitation des esclaves africains que l’Amérique s’est enrichie. Enfin, elle a profité des première et seconde guerres mondiales pour devenir la première puissance mondiale avec le soutien puis la soumission des Etats occidentaux, poussant l’avantage à projeter ses armées partout dans le monde pour détruire et spolier les richesses de nombre de pays. Ce passé criminel et violent lui revient aujourd’hui en pleine figure avec les mouvements woke, progressistes et libertaires qui détruisent les pans de la société américaine au prétexte de bâtir une société inclusive, antiraciste, sans frontières, écologiste et féministe… Le rêve américain s’est transformé en enfer, toujours pavé de bonnes intentions…

Cette idéologie radicale et destructrice arrive dans la vieille Europe, envahit les universités, médias, arts et la culture. Ecoles élémentaires, publicités, livres pour enfants… tout est mis en œuvre pour embrigader la jeunesse et déconstruire les valeurs traditionnelles de nos sociétés.

La France avait déjà fait ses premiers pas avec la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et la révolution de 1968. 50 ans de SeaSexandSun et de sabotage de l’Education Nationale ont contribué à affaiblir les esprits et à désarmer les Français, leur interdisant toute résistance à ces changements mortifères. Après le Général De Gaulle, chaque Président de la République a sabordé le pays : Pompidou avec la loi Rothschild, Giscard avec le regroupement familial, Mitterrand avec le RMI et l’assistanat, Chirac avec la suppression de la conscription, Sarkozy avec le retour au commandement intégré dans l’OTAN et la violation du référendum sur le projet de traité constitutionnel européen…Quant à Hollande et Macron, ils ne valent même pas la peine d’être cités tant ils sont insignifiants.

Si ces changements apportaient plus de bonheur à nos concitoyens, nous pourrions penser qu’ils sont fondés. Mais le résultat est tout autre ! Les violences explosent, l’hôpital et l’école sont en faillite, le monde entier (Afrique, Asie, Chine, Moyen-Orient, Monde russe…) nous abhorre. Et la population française est parmi les plus pessimistes au monde, les gens sont de plus en plus malheureux, les familles monoparentales au seuil de pauvreté, les Français sont de plus en plus inquiets quant à l’avenir et sont les champions de l’utilisation d’antidépresseurs ! Bonjour le bilan ! Bonjour le bonheur progressiste ! N’en jetez plus !

N’est-ce pas une situation suffisamment grave pour remettre en cause cette marche en avant forcé vers l’abime ? N’a-t-on pas le droit d’essayer d’analyser factuellement l’état de notre pays et d’entendre d’autres propositions ou attentes, sans tomber immédiatement dans les accusations de complotisme, de racisme ou d’extrême-droitisme ? Et ceci d’autant plus que l’Amérique a poussé l’Europe vers une confrontation mortelle avec la Russie en Ukraine. Quel est donc ce genre de leader qui profite de cette guerre en nuisant directement à ses alliées ? Le résultat est qu’une grande partie du monde non occidental s’est soudée aux BRICS conduits par une Chine qui est la puissance économique mondiale montante face à un Occident qui reste collé à des Etats-Unis d’Amérique déclinants !

Viva la muerte ?!

Face à un monde dont l’avenir est multipolaire et qui voit un basculement de son épicentre économique vers la Chine, devons-nous Européens et Français foncer aveuglément vers le précipice sous les injonctions des USA ? Devons-nous laisser nos sociétés aller vers plus de perte de valeurs, de désorganisation, de malheurs et de délitement ? N’est-il pas temps de réagir ?

Enfin, ma dernière question sera destinée aux Arméniens : Alors que le monde se tourne vers les BRICS et que l’Occident s’effondre, quelle est donc la logique pour tourner le dos à la Russie et à la Chine et choisir des USA alliés d’une Turquie négationniste ?

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1923-2023 : Atatürk et le Centenaire de la République Turque.

A l’approche du 23 octobre, date anniversaire du centenaire de l’instauration de la République turque, nous voyons fleurir de plus en plus de parutions de livres et de publications à la gloire de Mustafa Kemal Atatürk.

D’aucuns idolâtrent le « père de la Turquie moderne », celui qui face à la défaite de 1918 et la chute de l’Empire Ottoman, a repris les armes et a rassemblé la nation turque et récupéré nombre de territoires perdus. D’autres lui trouvent des qualités d’humanisme, de progressisme, de défenseur de la laïcité, d’adepte de l’occidentalisation de la Turquie et de son ancrage à l’Europe.

Pourtant, au delà de ces présentations complaisantes, Atatürk est un personnage bien plus sombre et complexe, qui a parachevé l’extermination des Arméniens. Le génocide ne s’est pas arrêté en 1916. En réalité, ses crimes de masse sont inséparables de la construction de l’État-nation turc.

Trop peu dévoilent cet autre visage de Kemal Atatürk, résolu à parachever l’homogénéisation ethnique de l’Asie Mineure avec la complicité des responsables des massacres et le soutien de l’opinion publique turque.

Le nouveau livre de Raymond Kévorkian [Historien, spécialiste de l’étude des génocides. Directeur de recherche émérite à l’Institut français de géopolitique (Université Paris-VIII-Saint-Denis), Président de la Fondation Musée-Institut du génocide des Arméniens à Erevan] met en lumière la manière dont les Arméniens et les Grecs qui avaient échappé aux massacres, ont été éliminés ensuite de manière organisée dans le cadre de la politique des Jeunes-Turcs nationalistes du Comité Union et Progrès et des partisans de Mustafa Kemal.

Dans une enquête historique appuyée sur une documentation méticuleuse, souvent poignante, Raymond Kévorkian apporte des éléments de réponse à deux grandes questions : la République turque s’est-elle fondée sur le génocide perpétré durant et après la Grande Guerre contre les Arméniens ? La Turquie contemporaine porte-t-elle encore et toujours les stigmates de ces violences extrêmes ?

Il montre ainsi, à rebours du « roman national » de la propagande, que la Turquie d’Erdogan ne peut être comprise qu’à la lumière de l’héritage de Mustafa Kemal et du génocide des Arméniens.

Raymond Kévorkian a publié notamment Le Génocide des Arméniens (2006)

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UE : Quels objectifs de la diplomatie et stratégie turques ?

La tenue du Sommet de l’OTAN à Vilnius en ce début juillet 2023 a donné lieu à une comédie politique de haut vol !

Surprenant nombre d’observateurs, R. T. Erdogan a témoigné à nouveau sa fidélité à l’OTAN en promettant sans fixer de date précise, d’accepter l’entrée dans l’alliance atlantique d’une Suède qu’il fait poireauter depuis plus d’un an, tout en rappelant que la Turquie était méprisée par l’UE et en critiquant la lenteur de son intégration.

Biden a immédiatement dit tout le bien qu’il pensait d’Erdogan, de la place importante de la Turquie dans l’OTAN, et a promis de bien lui fournir les F16. Quant à la Suède, elle a promis de lutter contre le « Terrorisme » et d’envoyer à la Turquie les opposants Kurdes réfugiés chez elle.

Cette volte-face est une gifle pour Poutine qui essayait de jouer sur les désaccords apparents entre la Turquie et l’OTAN et le sentiment de fierté turque pour tirer le maximum d’avantages pour la Russie. Erdogan a d’ailleurs permis à des prisonniers Ukrainiens échangés avec la Russie, de retourner combattre en Ukraine. Comme Staline avec Atatürk, c’est Erdogan qui a dupé Poutine et a tiré ses marrons du feu avant de s’en retourner dans sa tanière de l’OTAN.

Si ces revirements turcs ne sont pas une première (on a récemment vu comment Erdogan a trahi Palestiniens et Ouïghours en nouant des liens avec Israël et la Chine), il convient de s’interroger sur les larmes de crocodiles d’Erdogan concernant le retard de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne :

Qui croit un instant que la Turquie souhaite transférer sa souveraineté à la Commission de Bruxelles, et laisser les commissaires décider pour elle ?

Qui peut un instant croire à ce poker menteur auquel joue Erdogan ? Personne bien entendu ! Mais alors que cherche à obtenir la Turquie de l’UE ?

La réponse réside dans la prochaine étape du processus d’intégration et qui consiste à lever l’obligation d’un visa pour les ressortissants de nationalité turque pour entrer dans l’UE. Cela faciliterait l’entrée et la circulation de tous les ressortissants turcs dans l’UE.

L’assimilation des 50 millions de Turcs et les 30 millions de Kurdes et Alévis de nationalité turque ne semble à priori pas ingérable pour une UE de 450 millions d’habitants. Mais ce serait une grave erreur de prendre cette hypothèse pour argent comptant.

Car d’une part, le discours nationaliste d’une revanche sur l’histoire avec la volonté de renouer avec la grandeur de l’Empire Ottoman n’a jamais été aussi présent en Turquie (prétentions sur les Balkans, sur Jérusalem, le Nord Syrien et Irakien, Chypre, les îles grecques, la mer Egée, et le Caucase). L’influence des Frères musulmans et la ferveur religieuse sont à leur apogée (conversion de Sainte-Sophie en Mosquée). Les appels d’Erdogan à sa Diaspora (qui vote pour ce dernier à 90%) à ne pas s’assimiler et à faire 5 enfants par couple sont des éléments qui doivent interroger sérieusement les dirigeants et peuples européens.

D’autre part, il est important aussi de prendre en compte l’originalité de la loi sur l’acquisition de la nationalité turque : Dans son Article 7 concernant les « Naturalisations exceptionnelles », la loi prévoit que par simple décret du Conseil des Ministres peuvent être naturalisés turcs quasi immédiatement « les étrangers de race turque (sic), leurs conjoints ainsi que leurs enfants » (300 millions de personnes vivant dans l’espace turcique), ainsi que « tout étranger dont la naturalisation est jugée nécessaire par le Conseil des Ministres » (les millions de réfugiés pas de « race turque ») !

Cela veut dire que sur simple décision du Conseil des Ministres turc, des millions de personnes peuvent obtenir la nationalité turque et accéder légalement et librement à tout le territoire de l’Union Européenne. Stratégiquement, cela vaut bien de lâcher sur l’entrée de la Suède dans l’OTAN non ?

Tant que le nationalisme turc n’est pas renvoyé aux oubliettes de l’histoire, lâcher sur les visas revient à donner les clés du château UE (déjà bien affaibli) à ses assiégeants motivés (bien radicalisés).

Enfin, combien de temps l’UE et l’OTAN vont accepter qu’un pays héréditaire du Premier génocide de masse du XXème siècle soit toujours impuni, qu’il propage des thèses négationnistes inacceptables et menace désormais les Kurdes, les Chypriotes, le Grecs et le peu qui a survécu d’Arméniens ?

Combien de temps encore l’OTAN et l’UE continueront à collaborer avec un Etat génocidaire et négationniste ? Il est inacceptable de laisser impunis le crime et ses héritiers qui l’assument !

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Connaissez-vous l’Arménie Soviétique ?

Après le génocide des Arméniens de 1915, perpétré dans l’Empire ottoman par les Jeunes-turcs durant la première guerre mondiale, qui vit la disparition des 2/3 des Arméniens, guerre qui se solda par la défaite de l’Empire Ottoman, les Arméniens qui n’avaient eu aucun état depuis la disparition du Royaume de petite Arménie en 1375 se voient imposer en 1918 une république indépendante que le mouvement nationalisme rebondissant d’Atatürk va attaquer et harceler jusqu’à la faire tomber au bout de deux ans.

Les quelques 800000 survivants du génocide, de la guerre, de la crise économique, de la famine et des maladies et ce qui reste des terres arméniennes vont passer sous domination bolchévique en 1920. D’aucuns assureront que sans cette soviétisation, le peu qui restait d’Arménie aurait disparu sous les coups de turco-azéris, d’autres prétendront que cela a été une autre calamité pour l’Arménie avec la perte du Nakhitchevan, du Haut-Karabagh et de l’Akhalkalak que Staline a arbitrairement donnés aux Républiques sœurs d’Azerbaïdjan et de Géorgie. Nous laisserons ce débat aux partisans des deux camps.

Il n’en reste pas moins qu’en sept décennies (1920-1991), la République Socialiste Soviétique d’Arménie s’est redressée (hymne), a reconstruit le pays, permis à la population de se multiplier presque par cinq et à donner à la nation de grands scientifiques, artistes et généraux. Un livret a été édité dans les années 1970 pour vanter les succès de la RSSA. Malgré la propagande soviétique présente, il reste un témoignage intéressant de ce qu’a produit l’Arménie durant ces 70 ans. Je vous propose de le découvrir dans les photos ci-jointes ainsi qu’une carte en relief de la RSSA.

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Arménie/Ukraine : La corruption de l’âme n’est-elle pas pire que celle du portefeuille ?

Ce samedi matin, je suis allé faire un tour en centre-ville. Alors que je regardais de pauvres Ukrainiens esseulés défiler avec leur drapeau pour réclamer une aide internationale, cela m’a rappelé ces minables Arméniens qui depuis toujours supplient le soutien de l’Occident qu’ils n’obtiendront jamais…

Au moins les Ukrainiens ont reçu une aide substantielle. Certes, elle se révélera limitée et insuffisante, à se demander d’ailleurs si le résultat n’est pas pire en fin de compte…

Depuis 2018 et la « révolution de velours » Arméniens et Ukrainiens suivent des chemins parallèles :

  • Les deux ont vu une révolution de couleur soutenu par des forces progressistes renverser les pouvoirs en place et les remplacer par des équipes favorables au camp occidental.
  • Les deux connaissent des guerres ayant entraînées la perte nombreuse d’hommes et de territoires.
  • Les deux déstabilisent les frontières et zones d’influences de la Russie.

La seule différence, qui a d’ailleurs trompé beaucoup d’Arméniens, était que la révolution arménienne était censée chasser le pouvoir corrompu qui avait placé l’Arménie sous sa coupe réglée, alors qu’en Ukraine, la dynamique semblait plutôt politique.

Au final, les scandales médiatisés ont montrés que les putschistes de Maidan étaient bien plus corrompus que leurs prédécesseurs, alors que les Arméniens ont clairement ressenti durant les premiers mois les bienfaits du changement de régime. Par contre, la corruption est plutôt celle des âmes, car les révolutionnaires arméniens ont très rapidement déroulé une politique pro-occidentale avec des provocations imbéciles contre la Russie, provoquant la guerre de 2020 et les pertes catastrophiques pour l’Arménie.

Quelles sont alors les motivations du Premier Ministre arménien Nikol Pashinyan ?

Est-il un idéaliste ? Donc un illuminé à écarter de toute urgence ?

Est-il vendu, sous l’emprise d’une puissance étrangère ? Auquel cas, il devrait être neutralisé encore plus vite ?

Est-il un cynique qui malgré les milliers de jeunes envoyés à la mort et les défaites très graves pour l’Arménie, ne reconnait pas ses erreurs et ne modifie pas sa politique ? Ne faudrait-il pas l’interner ?

Enfin, un homme qui s’appelle Nicole et qui parle avec une voix nasillarde, c’était quand même assez louche ! Comment avons-nous pu nous laisser piéger ainsi ?

Vous l’avez compris, je ne supporte pas Zelenski et je ne supporte plus Pashinyan ! Cela renforce même ma détermination à participer plus activement à la libération du monde occidental de la vermine qui s’est accaparé le pouvoir…

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Arménie : Le point de non retour ?

English version

A l’approche de la commémoration du 108ème anniversaire du Génocide des Arméniens le prochain 24 avril, et alors que l’Arménie et le monde traversent une période dangereuse, n’est-il pas plus que jamais temps pour les Arméniens de ne pas oublier l’histoire ?

Bref rappel : La frustration de l’effondrement de l’Empire Ottoman fait naitre chez les Jeunes-Turcs une volonté de recréer un nouvel Empire en alliant les peuples d’origine turque et turcophones des Balkans jusqu’en Chine : Le Panturquisme.

Les Arméniens qui vivent depuis des millénaires sur leurs terres ancestrales sont un obstacle à la réalisation de ce projet. Les Jeunes-turcs décident de profiter de la 1ère Guerre mondiale pour exterminer toute la population arménienne de l’Empire Ottoman.

En 1918, la défaite de la Turquie donne des espoirs de justice et d’autodétermination aux Arméniens : 1ère République d’Arménie, Procès des Unionistes, Traité de Sèvres… Mais en 5 ans la situation bascule. L’Occident choisit Mustafa Kemal pour contrer l’URSS naissante, oubliant le génocide des Arméniens et remplaçant le traité de Sèvres par celui de Lausanne où le mot Arménie n’y figure pas.

Le peu qui restait d’Arménie était soviétisée en 1920 et la situation fut figée jusqu’à l’effondrement de l’URSS. La volonté de ne plus vivre sous le joug turco-azéri a conduit les Arméniens du Haut-Karabagh a revendiquer en 1988 leur droit à l’autodétermination dans le respect de la constitution soviétique. La réponse de Bakou fut la violence, les crimes, les meurtres et pogroms des populations arméniennes de toute l’Azerbaïdjan. Cela déclencha une guerre de six ans 1988-1994 qui finit par être remportée par les Arméniens.

Il est intéressant de constater qu’au début de la guerre, la Russie aidait plutôt l’Azerbaïdjan tant que les progressistes Raïssa et Mikhaïl Gorbatchev étaient au pouvoir. Et qu’étrangement, cela a changé avec l’arrivée d’Eltsine permettant la victoire des Karabaghtsis.

De son côté, la Turquie, qui sous l’impulsion d’Atatürk avait renforcé son alliance avec l’Occident (changement de l’Alphabet, interdiction du voile islamique, Mosquée Ste Sophie transformée en musée, intégration à l’OTAN, démarches pour entrer dans l’Union Européenne…) connaissait au début des années 2000 une mutation avec l’arrivée au pouvoir d’islamistes incarnés par R.T. Erdogan. Les conséquences sont une radicalisation religieuse du pays (Basilique Ste Sophie retransformée en mosquée, voile à l’université), une purge de généraux kémalistes, une répression implacable contre le Kurdes, les Alévis, l’opposition et les journalistes, une exacerbation du nationalisme (ex « Patrie Bleue ») avec la nostalgie de l’Empire perdu et de renouer avec le rêve du panturquisme jeune-turc, se traduisant par des guerres au Kurdistan, en Irak, Syrie, Libye et Arménie et de graves tensions avec Chypre et la Grèce.

Ces nouvelles prétentions n’ont pas manqué de créer des tensions avec ses alliés israéliens, américains et européens. Mais leur projet de globalisation de l’économie et de Gouvernement mondial rend la Turquie incontournable. De plus, l’affaiblissement économique et militaire de ces derniers face à des pays du BRICS dont la puissance commence à concurrencer les USA et l’alliance atlantique, ces derniers n’ont pas d’autre choix que de se soumettre aux désidératas de la sublime Porte redorée. Et la Turquie ne se gêne pas à jouer sur les ambiguïtés pour faire monter les enchères et tirer le maximum de chaque partie.

Enfin, le projet panturc rejoint celui des mondialistes car la création d’une entité panturque pourrait permettre de créer des tensions et d’affaiblir la Russie au Caucase, en Tchétchénie et sur ses frontières sud, déstabiliser le Nord de l’Iran et le Xinjiang chinois. L’Ouest a donc tout intérêt à encourager la Turquie dans ses rêves d’expansion vers l’Est pour contrer ses opposants les plus virulents des BRICS.

De son côté, l’Azerbaïdjan a pensé ses plaies, s’est enrichie avec les compagnies de pétrole britanniques, s’est armée et préparée pendant deux décennies pour prendre sa revanche.

Côté turc, les objectifs concernant l’Arménie sont clairs de la bouche même d’Erdogan : « Terminer le travail de nos ancêtres », en finir avec les « restes de l’épée », reprendre le Karabagh et le Syunik (Zanguezour) pour une jonction territoriale entre la Turque et l’Azerbaïdjan. Il est d’ailleurs intéressant de voir la petite langue de terre prise de longue date par la Turquie au nord de l’Iran qui démontre que même la Turquie kémaliste n’avait jamais véritablement abandonné le rêve panturc.

Or ce rêve se heurte frontalement aux prétentions russes sur le Caucase. La Russie qui s’est d’ailleurs opposée militairement à la Turquie en Syrie et Libye.

Avec un tel tableau, il semble clair comme de l’eau de roche que malgré toute la sympathie que pourraient exprimer les dirigeants de l’Ouest vis-à-vis de l’Arménie, ils ne sourcilleront pas et sacrifieront l’Arménie jusqu’au dernier arménien (comme ils sacrifient actuellement l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien) pour leurs intérêts. Que seule une Russie forte voulant garder ses prérogatives sur le Caucase pourrait empêcher la Turquie d’entrer et de faire un massacre en Arménie. Et que son alliance avec la Russie est le bouclier protecteur.

Mais l’arrivée au pouvoir en 2018 du progressiste pro-occidental Nikol Pashinyan a changé la donne. La propagande antirusse bat son plein à Yérévan. Le Premier Ministre multiplie les provocations contre la Russie depuis le premier jour avec l’arrestation du Secrétaire Général en fonction de la CSTO jusqu’à des manifestations pro-Ukraine (alors que cette dernière soutient Aliev) ou la récente menace d’arrêter le Président Poutine suite au mandat d’arrêt inique de la CPI alors que l’Arménie n’a pas encore définitivement ratifié les textes et n’est pas tenue d’appliquer ce mandat.

Et dans cette situation de tensions extrêmes pour le monde, où la Turquie et l’Azerbaïdjan ont le doigt sur la gâchette, que font les Arméniens au lieu d’aider leur alliée russe et de renforcer les liens économiques, militaires, politiques, culturelles et amicales ? Ils multiplient les défiances, créent plus de tensions et se conduisent en laquais et mendiants face à un Occident qui les manipule contre leurs voisins. Et ils attendent que la Russie s’engage dans une nouvelle guerre avec l’Azerbaïdjan en reconnaissance d’une telle attitude ?

Mais que peut bien nourrir une telle russophobie ? On en arrive à des questions terribles pour l’Arménie :

Chez les dirigeants au pouvoir, la corruption et la trahison des intérêts nationaux seraient-elles des raisons pour s’enrichir ?

Chez le peuple, le « c’est à cause des Russes si j’ai dû ou je vais abandonner ma patrie » ne serait-il pas le prétexte lâche pour fuir le pays ?

Chez les fous, promouvoir l’idéologie progressiste décadente dont nous voyons les effets en Occident semble évident non ?

Ne resteraient-il donc qu’une majorité de vendus, de lâches, d’ingrats et de fous ? Est-ce tout ce qui compose le peuple arménien aujourd’hui ? Il faut rejeter cette fatalité et prier que des forces positives et patriotes écartent ces interrogations et permettent la survie de la frange méritante de ce valeureux peuple multimillénaire.

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Armenia: The point of no return?

Version en Français

NB : Please be indulgent, this text is a Google translation. Thank you.

As we approach the commemoration of the 108th anniversary of the Armenian Genocide on April 24, and as Armenia and the world go through a dangerous period, is’nt it not more than ever time for Armenians not to forget the story ?

Brief reminder: The frustration of the collapse of the Ottoman Empire gave rise among the Young Turks to a desire to recreate a new Empire by combining the peoples of Turkish and Turkish-speaking origin from the Balkans to China: Pan-Turkism.

The Armenians who have lived for millennia on their ancestral lands are an obstacle to the realization of this project. The Young Turks decide to take advantage of the First World War to exterminate the entire Armenian population of the Ottoman Empire.

In 1918, the defeat of Turkey gave hopes of justice and self-determination to the Armenians: 1st Republic of Armenia, Trial of the Unionists, Treaty of Sèvres… But in 5 years the situation changed. The West chooses Mustafa Kemal to counter the nascent USSR, forgetting the Armenian genocide and replacing the Treaty of Sèvres with that of Lausanne where the word Armenia does not appear.

The little that remained of Armenia was Sovietized in 1920 and the situation was frozen until the collapse of the USSR. The desire to no longer live under the Turkish-Azerbaijani yoke led the Armenians of Nagorno-Karabakh to claim their right to self-determination in 1988 in accordance with the Soviet constitution. Baku’s response was violence, crimes, murders and pogroms of Armenian populations all over Azerbaijan. This triggered a six-year war 1988-1994 which was eventually won by the Armenians.

It is interesting to note that at the beginning of the war, Russia rather helped Azerbaijan as long as the progressives Raisa and Mikhail Gorbachev were in power. And strangely, that changed with the arrival of Yeltsin allowing the victory of Karabakhtsis.

For its part, Turkey, which under the impulse of Atatürk had strengthened its alliance with the West (change of the Alphabet, prohibition of the Islamic veil, Sainte-Sophie Mosque transformed into a museum, integration into NATO, steps to enter the European Union…) underwent a change in the early 2000s with the coming to power of Islamists embodied by R.T. Erdogan. The consequences are a religious radicalization of the country (Saint Sophia’s Basilica transformed into a mosque, veil at the university), a purge of Kemalist generals, an implacable repression against the Kurds, the Alevis, the opposition and journalists, an exacerbation of nationalism (ex « Blue Homeland ») with nostalgia for the lost Empire and to reconnect with the dream of pan-Turkish Young Turkism, resulting in wars in Kurdistan, Iraq, Syria, Libya and Armenia and serious tensions with Cyprus and Greece.

These new claims have not failed to create tensions with its Israeli, American and European allies. But their project of economic globalization and world government makes Turkey unavoidable. Moreover, the economic and military weakening of the latter in the face of the BRICS countries whose power is beginning to compete with the USA and the Atlantic alliance, the latter have no other choice but to submit to the wishes of the sublime gilded door. And Turkey is not shy about playing on ambiguities to raise the stakes and get the most out of each party.

Finally, the pan-Turkish project joins that of the globalists because the creation of a pan-Turkish entity could make it possible to create tensions and weaken Russia in the Caucasus, Chechnya and on its southern borders, destabilize northern Iran and Xinjiang Chinese. The West therefore has every interest in encouraging Turkey in its dreams of eastward expansion to counter its most vocal opponents in the BRICS.

For its part, Azerbaijan has thought about its wounds, enriched itself with British oil companies, armed and prepared itself for two decades to take its revenge.

On the Turkish side, the objectives concerning Armenia are clear from Erdogan’s own mouth: « Finish the work of our ancestors », put an end to the « remains of the sword », take back Karabagh and Syunik (Zangezour) to a territorial junction between Turkey and Azerbaijan. It is also interesting to see the small strip of land seized a long time ago by Turkey in the north of Iran, which demonstrates that even Kemalist Turkey had never really abandoned the pan-Turkish dream.

But this dream collides head-on with Russian claims to the Caucasus. Russia, which has also opposed Turkey militarily in Syria and Libya.

With such a picture, it seems crystal clear that no matter how much sympathy Western leaders might express for Armenia, they will not bat an eyelid and sacrifice Armenia until to the last Armenian (as they are currently sacrificing Ukraine to the last Ukrainian) for their interests. That only a strong Russia wanting to keep its prerogatives over the Caucasus could prevent Turkey from entering and carrying out a massacre in Armenia. And that its alliance with Russia is the protective shield.

But the rise to power in 2018 of pro-Western progressive Nikol Pashinyan changed the situation. Anti-Russian propaganda is in full swing in Yerevan. The Prime Minister multiplies the provocations against Russia from the first day with the arrest of the Secretary General in function of the CSTO until demonstrations pro-Ukraine (while the latter supports Aliev) or the recent threat to arrest the President Putin following the iniquitous arrest warrant of the ICC while Armenia has not yet definitively ratified the texts and is not required to apply this warrant.

And in this situation of extreme tensions for the world, where Turkey and Azerbaijan have their finger on the trigger, what are the Armenians doing instead of helping their Russian ally and strengthening economic, military, political, cultural and friendly? They increase mistrust, create more tension and behave like lackeys and beggars in the face of a West that manipulates them against their neighbours. And they expect Russia to engage in a new war with Azerbaijan in recognition of such an attitude?

But what could feed such Russophobia? We come to terrible questions for Armenia:

Among the leaders in power, would corruption and the betrayal of national interests be reasons for getting rich?

Among the people, the « it is because of the Russians if I had to or I will abandon my homeland » would it not be the cowardly pretext to flee the country?

Among madmen, promoting the decadent progressive ideology whose effects we see in the West seems obvious, doesn’t it?

Wouldn’t there then remain a majority of sellouts, cowards, ingrates and madmen? Is that all that makes up the Armenian people today? We must reject this fatality and pray that positive and patriotic forces will dismiss these questions and allow the survival of the deserving fringe of this brave multi-millennial people.

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Les noms de famille arméniens

Avant le XVIIIe siècle, Les noms de famille étaient rares pour les milieux populaires arméniens. Ex : On disait Bedros fils de Hagop. Pour les grandes familles de la noblesse, la terminaison était souvent OUNI, (usage emprunté au royaume arménien de la fin de l’antiquité).

Les terminaisons en IAN, I, ou ENTZ utilisées dans des familles des couches sociales élevées, se généralisent au XVIIIe siècle au reste de la population dans l’Empire Ottoman.

Le –ian (qui signifie fils de / famille de) s’ajoute systématiquement à partir du milieu du XIXème siècle à la fin du nom de baptême du père, de son métier, de son surnom ou de son origine géographique (ex Bedros fils de Hagop devient Bedros Hagopian). Souvent le -ian est ajouté à des mots ou noms en truc, l’Arménie étant sous le joug ottoman. Cela ne forme pas encore un nom de famille qui se transmet, car il peut changer d’une génération à l’autre (ex Movses, fils de Bedros Hagopian peut s’appeler Movses Bedrossian). Ce n’est qu’à la toute fin du XIXème siècle que le nom de famille se fige et se lègue, inchangé, aux générations suivantes. Dans tous les cas, la généralisation de la terminaison en -ian rend visible l’appartenance à l’arménité.

Après le génocide de 1915, nombre d’orphelins ne connaissaient pas leur nom de famille. Si les recherches étaient infructueuses, les autorités leur attribuaient un nom au hasard.

D’autre part, quand les survivants arméniens exilés trouvaient refuge dans différents pays ou continents, leurs noms étaient parfois mal orthographiés ou même changés par la agents des administrations de leurs pays d’accueil…

En Turquie, c’est Mustafa Kemal qui pour turquifier toujours plus le pays impose (loi de 1934) aux Turcs de se doter d’un nom de famille, ce qui n’était pas obligatoire jusque-là. Un grand nombre des rares familles arméniennes restant en Turquie changeront aussi leur nom de famille…

La soviétisation de l’Arménie en 1920 a amené une évolution dans l’orthographe de la terminaison IAN, le i ayant été remplacé par le Y (alphabet cyrillique russe et sa traduction en caractères latins). Les noms à consonnance turque sont rares, l’usage des prénoms pour former les noms de famille domine (Sarksyan : Famille de Sarkis, Davtyan : Famille de David…, Khatchatouryan : Famille de Khatchatour…). Enfin, il faut aussi constater la russification de certains noms de famille où Kasparyan devient Kasparov, Mirzoyan devient Mirzoef…

Voici une liste de noms de famille principalement de l’Arménie occidentale :

Relatif au corps : Gueuzubuyukian (grands yeux), Gueuzugutchukian (petits yeux), Gueuzudelikian (borgne), Karagueuzian (yeux noirs), Alegueuzian (yeux clairs), Kiprikian (cils), Barmaksezian (sans doigts), Altebarmakian (six doigts), Denaksezian (sans ongles), Burnukessikian (nez cassé), Baldudakian (lèvres de miel), Dilsizian (sans langue), Dichetchurukian (dent branlante), Koulaksezian (sans oreille), Dalkupeyan (boucle d’oreille)…

Relatif au physique : Topalian (boiteux), Tcholakian (manchot), Sagherian (sourd), Keloghlanian (enfant chauve), Topuzian (talon), Karaoghlanian (enfant noir), Goetubuyukian (grosses fesses), Chichmanian (gros)…

Relatif à une profession (dji) : Kouyoumdjian (bijoutier), Kurekdjian (balayeur), Demirdjian (ferrailleur), Hamamdjian (bains), Djevizdjian (producteur de noix), Bekmezdjian (producteur de mélasse), Kesmedjian (coupeur), Avdjian (chasseur), Kahkedjian (patissier), Iplikdjian (filature), Deukmedjian (fonderie), Enfiedjian (tabac à priser), Kassabdjian (boucher), Keumurdjian (charbonnier), Deyirmendjian (meunier), Berberian (coiffeur), Achdjian (cuisinier), Boyadjian (peintre), Gueumdjian (semelleur), Yapoudjian (constructeur), Baktchedjian (jardinier), Eskidjian (brocanteur), Terzian (couturier), Kazandjian (cuivreur), Yazedjian (écrivain), Arabadjian (cochet), Katirdjian (muletier), Yilandjian (éleveur de serpent), Sarafian (courtier), Utudjian (repasseur), Seferian (voyageur), Devedjian (chamelier), Tavoukdjian (éleveur de poulet)…

Relatif à une localité (li) : Marachlian (Marach), Sassounian (Sassoun), Aintablian (Aintab), Stamboulian (Istanbul), Torossian (Taurus), Izmirlian (Izmir), Adanalian (Adana), Sislian (Sis), Kamishlian (Khamish), Sivaslian (Sivas),Vanlian (Van), Kilislian (Kilis)…

Relatif à un aliment : Kirazian (Cerise), Portugalian (Orange), Elmayan (Pomme), Deuymedjian (orge), Youmourtadjian (oeuf), Balian (miel)…

Relatif à un animal : Kurtian (loup), Kouchian (oiseau), Bulbulian (rossignol), Kartalian (aigle), Aslanian (Lion)…

Autres : Bayramian (fête), Aklian (Intelligent), Atechian (feu), Iskenderian (Alexandre), Aboudjian ou Hagopian (Jacques)…

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